Sylvain Cathala trio… live !

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Vendredi 27 mai 2011:

EMISSION SPECIALE : SYLVAIN CATHALA TRIO LIVE !

Le 30 avril 2011, le trio emmené par le saxophoniste ténor Sylvain Cathala donnait un concert au jazz club « le 3 pièces », à Rouen. De nombreux extraits de ce concert, enregistré spécialement pour Jazz A Part, des extraits du disque du trio « Moonless » ainsi qu’une interview de Sylvain Cathala dresseront les contours de cette émission. La musique de Cathala, très écrite, s’ouvre cependant à la liberté de superbes improvisations, servies par ses deux compagnons avec qui il fonda ce trio en 2005. Sarah Murcia, à la contrebasse, est une ancienne complice de Magik Malik et la meneuse du groupe Caroline. Christophe Lavergne est un habitué du label Yolk records et collabore avec Alban Darche, Médéric Collignon, Gilles Coronado…

La musique colorée de Charles Lloyd

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Vendredi 20 mai 2011:

GRAND ANGLE SUR LE SAXOPHONISTE CHARLES LLOYD

Rediffusion de l’émission programmée le 26 février 2010

« Chaleureuse, colorée et expressionniste, la musique de Charles Lloyd (…) se situe à la croisée du free jazz et d’une musique lyrique issue du répertoire folklorique. Avec un jeu très extraverti, Lloyd se reconnaît à un vibrato très ample, un phrasé irrégulier qui fait la part belle aux échappées vers le suraigu et à la recherche de notes artificielles sur le ténor et la flûte, et, plus largement, à sa faculté de tisser un climat passionnel grâce à un ostinato exacerbé. » Christian Gauffre.

Guillaume Roy / Vincent Courtois / Claude Tchamitchian – Amarco

d_amarcoGuillaume Roy / Vincent Courtois / Claude Tchamitchian
Amarco
Emouvance, 2011

Les disques Emouvance sont rares (un ou deux maximum paraissent chaque année) et sont reçus comme autant de bulletins de (bonne) santé de la musique créative d’aujourd’hui. Toujours, ils s’incarnent en de beaux objets au graphisme rêveur et aux textes poétiques éclairants. Souvent, ils s’articulent autour de la personnalité et la musique du contrebassiste Claude Tchamitchian, comme c’est le cas pour ce disque, dernier né du label, Amarco.

Amarco, cela pourrait être la fusion des termes latins amare et arco ; l’amour du jeu à l’archet, alors, peut-être. Amarcord n’est pas loin, du titre du film de Fellini qui empruntait au dialecte romagnol pour nous dire « je me souviens ». Des cordes frottées, donc, au service d’une musique non exempte d’une certaine nostalgie ? Oui, assurément, mais pas seulement.

Amarco, ce sont trois hommes et leurs instruments à cordes graves : Guillaume Roy à l’alto, Vincent Courtois au violoncelle et Claude Tchamitchian à la contrebasse. Depuis 2006, ces musiciens jouent ensemble et c’est la première fois que leur musique est enregistrée. Elle gardera cependant sa caractéristique première : fille de l’instant, elle sera totalement improvisée. Claude Tchamitchian de nous le confirmer : « Le choix du « total acoustique » et du « total improvisé » est vraiment voulu. La dimension magique de la formation en trio, la somme de nos expériences, l’envie d’inventer in situ des textures, des chants et/ou des architectures font de nous les éléments d’un orchestre constamment aléatoire, avec jubilation et sans tabous. »

L’écoute des trois premiers morceaux nous offre d’emblée deux certitudes : les climats créés par le trio seront sans cesse changeants et c’est un grand disque que nous avons là entre les mains. Les palais oubliés, tout d’abord, avec majesté et lenteur, gagne en intensité au fur et à mesure que les cordes seront pincées ou frottées avec plus d’assurance, de profondeur. Puis Amarco, où la mélodie s’affirme à travers les larges coups d’archet comme un lourd soleil percerait l’horizon. Champ contre champ, enfin, où alto et violoncelle tissent une toile ténue entre les attaques véloces des cordes pincées de la contrebasse. Ce n’est qu’un début, les huit morceaux à suivre sont autant de moments de grâce, captés par l’ingénieur du son Gérard de Haro, quatrième homme dans l’ombre et artisan fondamental du son du trio.

Et n’oublions pas : à l’intérieur du disque nous est offerte à nouveau (comme pour la précédente référence du label, Another Childhood de Claude Tchamitchian) la poésie symboliste d’Alain Bouvier. La musique du trio y est évoquée en un remarquable texte « Dans la gueule du loup ou le dernier homme », dont voici finalement quelques phrases : « (…) Elle allume des incendies, elle bâtit des refuges. Elle rêve tout haut de ses utopies d’une poésie aussi lumineuse et sidérante qu’une longue longue étendue de neige sans nulle trace de pas. Elle est une robe de mendiante en chiffons de couleur. Elle est un courant d’air pur qui nous offre asile. Elle est plaisir. Elle se jette dans la gueule du loup parce qu’elle va toujours là où ça se passe. (…) »

Allez l’y rejoindre, nul doute qu’elle s’y jette encore.

L’avant garde de John Hebert

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Vendredi 13 mai 2011:

AUTOUR DU JAZZ A PART FESTIVAL + FOCUS SUR LE CONTREBASSISTE JOHN HEBERT

Nous continuerons de feuilleter le programme du Jazz A Part Festival en cette première partie d’émission : Akosh S. et Gildas Etevenard, Hélène Breschand et Sylvain Kassap, ainsi que Carlos Zingaro, Joëlle Léandre et Alan Silva nous offriront quelques unes de leurs plus belles pages musicales, avant-goûts de leurs concerts au 106, Scène des Musiques Actuelles basée à Rouen.

La seconde partie de l’émission proposera une (re)découverte de l’art singulier du contrebassiste américain John Hebert. Figure incontournable de la nouvelle scène new yorkaise du jazz d’avant-garde, découvert aux côtés de Andrew Hill, Hebert a collaboré avec Michael Adkins, Taylor Ho Bynum, Gerald Cleaver, Russ Lossing, Mary Halvorson…

La voix libre de Fay Victor

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Vendredi 6 mai 2011:

AUTOUR DU JAZZ A PART FESTIVAL + FOCUS SUR LA CHANTEUSE FAY VICTOR

Du 17 au 22 mai se déroulera à Rouen le Jazz A Part Festival, qui mettra à l’honneur, en des concerts, projections et rencontres le (free) jazz et les musiques improvisées. Cette première partie d’émission évoquera donc la programmation avec les musiques de Billy Bang, Freddie Redd et Jackie McLean, Urethane Revolution et Daunik Lazro !

La seconde partie de l’émission se concentrera sur une chanteuse américaine d’aujourd’hui : Fay Victor qui mêle en un chant atypique, ancré dans la tradition mais épris de libertés « free »,  le blues, le calypso et bien sûr le jazz.

Garrison Fewell, la poursuite du son merveilleux

itw_Garrison-FewellGARRISON FEWELL
LA POURSUITE DU SON MERVEILLEUX

La musique de Garrison Fewell coule, vient à nous lentement telle une vague apaisée. Parfois, elle empruntera des chemins plus détournés, quelques circonvolutions en arabesque ou en trajectoires anguleuses, imprimera quelques accélérations aussi, mais reviendra bientôt à cette tranquille assurance, cette limpidité, cette évidence du son.

Car Fewell, c’est avant tout ce son qui ne souffre aucune coquetterie, aucune affectation, aucune inutile virtuosité ; un son sûr de lui-même. Le guitariste est un musicien qui sait s’effacer pour laisser la place aux autres et, plutôt que d’occuper l’espace à tout prix, Garrison Fewell ouvre de grandes brèches comme autant d’invitations pour ses compagnons à s’y engouffrer. Il nous rappelle, alors, qu’éloquence n’est pas bavardage, qu’autorité n’est pas omniprésence : « Respecter les possibilités des autres musiciens, ainsi que leurs propres contributions, même lorsqu’il s’agit de défendre ses propres compositions, permet de tirer parti de transformations et d’interactions spontanées. »

Quand on interroge Fewell sur ses influences, celui-ci refuse de choisir entre tradition et avant-garde : aux côtés des grands maîtres pionniers du genre (Jim Hall, Kenny Burrell) on trouve le diamant brut Derek Bailey. De ce dernier, Garrison Fewell a hérité le tempérament de sorcier d’une musique de l’instant et de défricheur des mille possibles de son instrument. La guitare entre ses mains doit être un « orchestre miniature » : « J’essaye de jouer de l’instrument au maximum de ses capacités, sur le manche mais pas seulement. »

Outre le jazz et la creative music, les musiques d’Orient sont pour Fewell une immense source d’inspiration : pour la sonorité aérienne des instruments qui l’incarnent (oud, shenai, sarode, etc.) comme pour la modalité qui permet de créer, en dilatant l’espace temps, les conditions idéales à l’improvisation. « Depuis des temps reculés, l’improvisation a toujours été un élément inhérent de la musique, les ragas indiens en sont un exemple. » L’Orient, c’est aussi pour Fewell le lieu de toutes les quêtes spirituelles et en particulier du bouddhisme, auquel il croit profondément. Evoquer la foi de Fewell ne sert aucunement l’anecdote mais nous ramène à ce son qui est son identité, l’essence même de son art : « Cela fait trente-trois ans que je suis adepte du bouddhisme et je travaille chaque jour dans le but d’approfondir ma connexion à la nature musicale que nous possédons tous : une sorte de vibration lumineuse de rythme et de son à laquelle nous pouvons nous connecter, qui dépasse l’esprit et l’environnement, transcende toutes limites et nous permet de mieux vivre en accord avec l’entier univers. Une triade est un peu le réglage sur lequel s’accorde l’harmonie des planètes et des intervalles de leurs relations. Dans le Lotus Sutra, il y a justement un Bodhisattva que l’on appelle « Son Merveilleux ».

Pour sa poursuite du « Son Merveilleux », le guitariste Garrison Fewell sait s’offrir les services de solides et lumineux compagnons. Citons bien sûr le vieux sage John Tchicai, rencontré en 2003, avec lequel il emmène un trio complété d’un autre saxophoniste, Charlie Kohlhase, et invitons à l’écoute de leur double album « Good Night Song ». Ici le trio, à la manière de celui de Jimmy Giuffre quelques décennies auparavant, sans contrebasse ni batterie, nous rappelle que le free peut être apaisé et source d’itinérances méditatives. Citons aussi l’alter ego Eric Hofbauer, partenaire en duo de guitares ou au sein du Variable Density Sound Orchestra, sextet important dans lequel s’invite le trompettiste Roy Campbell Jr. Ici aussi, Garrison Fewell crée les conditions d’une musique qui s’impose vite par son étrange beauté, de légèreté et densité mêlées.

Si jamais vous rencontrez Garrison Fewell au détour de son inlassable traque du Son Merveilleux, s’il vous plaît, rassurez-le : il est assurément sur le bon chemin.