Les flyers de la saison 2010-2011

Gianni Lenoci & Gianni Mimo – Reciprocal Uncles

d_reciprocal-unclesGianni Lenoci & Gianni Mimo
Reciprocal Uncles
Aminari records / Long song records, 2010

On sait Lenoci être un infatigable arpenteur de terres multiples. Les chemins tracés par la musique contemporaine, les reliefs changeants dessinés par les musiques improvisées, mais aussi la fausse monotonie des déserts électroniques ont été visités par les pas curieux du pianiste.

Au début de ce disque, la musique que propose Gianni Lenoci, ici en duo avec le saxophoniste soprano Gianni Mimmo, est une musique des périmètres, qui se joue là ou on ne l’attend pas : sur les cordes et le cadre du piano, dans le souffle lui-même plutôt que pour le son qu’il propulse. Ici nous assistons à la musique en train de se faire, hors champ.

Puis le paysage se dégage, par petites touches. C’est le piano qui guide, crée un climat, et le sax soprano s’engouffre dans son passage. Les deux musiciens italiens creusent une musique de l’épure, qui évoque la netteté des paysages ensoleillés après la pluie.

On pense au duo que formaient Steve Lacy et Mal Waldron, pour les sinuosités du sax qui se faufilent dans les silences, pour les respirations du piano, ses notes qui cascadent et s’entrechoquent tels de petits cailloux lumineux, mais aussi pour les trous hérités de Monk semés ici et là par le piano, comme autant d’invitations à ne pas marcher trop droit et à se détourner du chemin jusque là tracé.

L’esprit de Morton Feldman plane aussi sur cette session : on y retrouve l’attachement du compositeur américain pour la douceur des sonorités et la place qu’il souhaitait ménager au hasard dans la musique. Ainsi, chez Lenoci, on entend des mélodies qui se créent comme on jetterait les dés au ralenti.

Mais parfois le piano se fait plus pressant, percussif alors, et précipité.

Nous revient à l’esprit ce que disait Mal Waldron au sujet de l’improvisation : « Épuisez ce que vous avez jusqu’au bout, puis changez d’angle. »

Ici c’est le cas : une ébauche, un fragment esquissé entraînent pour les deux musiciens des tâtonnements, des errances, des foulées plus cadencées, un nouveau trébuchement, pour enfin trouver la beauté et l’apaisement. Jusqu’au nouveau virage, au nouveau « changement d’angle ».

Gianni Lenoci, Gianni Mimmo : Reciprocal Uncles (Amirani Records)

Edition : 2010.

CD : 01/ Brain Prelude 02/ Consideration 03/ One or More 04/ What the Truth is Made for 05/ Steppin’ Elements 06/ Sparse Lyrics 07/ News from the Distance 08/ Almost Interlude

La vérité de John Tchicai

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Vendredi 1er octobre 2010: GRAND ANGLE SUR LE SAXOPHONISTE JOHN TCHICAI

John Tchicai, parmi d‘autres jeunes musiciens d’alors épris de liberté, fut de l’aventure « Ascension » emmenée par John Coltrane en 1965. Aujourd’hui, 45 ans plus tard, il nous livre un superbe « Coltrane in Spring », hommage à son ancien mentor. En 2010 aussi sort un disque du groupe qui l’unissait à Roswell Rudd, le New York Art Quartet, et qui témoigne d’un concert donné la même année qu’Ascension. Et ces jours ci sort sur le label Marge le dernier opus du vieux mais vert saxophoniste : « Truth Lies in Between », autour de la poésie de John Stewart. Trois raisons, au moins, de revenir sur le parcours de ce musicien né au Danemark en 1936 et qui devait venir vivre à New York en 1962 pour participer à l’écriture de la grande histoire du jazz…

L’univers poétique et rigoureux de Stephan Oliva

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Vendredi 17 septembre 2010:

FOCUS SUR LE PIANISTE STEPHAN OLIVA

La première partie de cette émission sera l’occasion de (re)découvrir quelques bons souvenirs musicaux. Puis, en sa deuxième partie, Jazz A Part jouera la musique du pianiste Stephan Oliva. Depuis le début des années 90, il faut compter avec ce musicien exceptionnel, qui sait comme personne développer « un univers poétique et rigoureux, sensuel et abstrait » comme le soulignait le critique Bernard Loupias. Stephan Oliva affectionne particulièrement les formations réduites, voire très réduites puisqu’il excelle également en solo ! C’est en solo, justement, qu’est son dernier disque « Lives of Bernard Herrmann », témoignage d’un concert où il reprenait les morceaux du compositeur de musiques de films Bernard Herrmann.

Braxton et la tradition

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Vendredi 10 septembre 2010:

FOCUS SUR LE DISQUE « 19 STANDARDS (QUARTET) 2003 » de ANTHONY BRAXTON

Cette première émission de la saison reviendra sur quelques disques remarquables sortis en cette année 2010, pour s’attarder finalement sur le roboratif coffret de 4 CD que sort le label Leo records ces jours ci et qui relate la relecture que le quartet de Braxton faisait en 2003 de quelques fameux standards. Aux côtés du multi-anchiste, ici : le guitariste Kevin O’Neil, le contrebassiste Andy Eulau et le batteur Kevin Norton. Les airs joués alors, plongés dans le grand bouillon braxtonien, n’en perdent pas pour autant leur vigueur et leur immédiateté !