Les héros de l’ombre selon Alain Gerber

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Vendredi 1er février 2013

Grand Angle sur le livre PETIT DICTIONNAIRE INCOMPLET DES INCOMPRIS d’ALAIN GERBER

Pas plus qu’elle n’est le sûr indice de sa médiocrité, la malédiction ne garantit le génie de l’artiste. De ce fait, dans la mesure où cette flétrissure a bizarrement quelque chose de prestigieux, il paraît clair que tout un chacun ne la mérite pas. A l’exception, bien sûr de ceux qui ont l’honneur — passagers clandestins de l’exécration, simples touristes de l’exil, ou autres astucieux gérants de l’ostracisme — de figurer dans ce Petit Dictionnaire où, sous l’érudition et la précision des notices, transparaît toute l’admiration, sinon la tendresse, de Gerber pour ces héros de l’ombre de l’Histoire du Jazz.

Parmi ceux-ci, il y a peu, voire pas, d’ « inconnus » avec lesquels il ne faut pas confondre les « incompris » dont nous parle Alain Gerber dans un ouvrage qui, plus qu’un dictionnaire, est une véritable œuvre littéraire, une suite de petites nouvelles, presque davantage encore que de portraits.

Dans ce livre passionnant on trouve ainsi, parmi tant d’autres, Israël Crosby, Kenny Dorham, Tony Fruscella, Andrew Hill, Illinois Jacquet, Connie Kay, Jelly Roll Morton, Paul Quinichette, Jimmie Rowles, Martial Solal ou encore Sonny Stitt.

Playlist du 25 janvier 2013

FOCUS SUR LE DISQUE « THE GROUP – LIVE »

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BILLY BANG. PRAYER FOR PEACE (Tum Records 2008)

Chan Chan – 2005 – 7’00’’

THE GROUP. LIVE (NoBusiness Records 2012)

Joann’s Green Satin Dress – 1986 – 8’35’’

MARION BROWN. THREE FOR SHEPP (Impulse! 1967)

Spooks – 1966 – 4’30’’

AHMED ABDULLAH. LIQUID MAGIC (Silkheart 1987)

Reflections On A Mystic – 1987 – 5’05’’

THE GROUP. LIVE (NoBusiness Records 2012)

Goodbye Pork Pie Hat – 1989 – extrait 10’00’’

TED CURSON. LIVE IN PARIS – PLAYS THE MUSIC OF CHARLES MINGUS (Elabeth 2012)

Fables of Faubus – 2008 – 9’35’’

Lien vers la page du disque THE GROUP LIVE (site du label NoBusiness records): http://nobusinessrecords.com/NBLP55.php

The Group: le témoignage inespéré

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Vendredi 25 janvier 2013

Histoire et Actualité du jazz + focus sur le disque THE GROUP LIVE

Pendant deux ans, en 1986 et 1987, The Group a offert de nombreux concerts exclusivement à New York, mais n’offrit jamais de témoignage sur disque de leur magie musicale. C’est enfin, grâce au label lituanien No Business, chose réparée. Cet enregistrement d’un concert donné au Jazz Center of New York en septembre 1986 est inespéré, et fantastique ! Outre leurs propres compositions, les membres de The Group nous offrent leurs propres interprétations du Goodbye Pork Pie Hat de Charles Mingus et d’une chanson de Miriam Makeba. Ah oui, n’oublions pas de citer les membres de ce quintet : Ahmed Abdullah à la trompette, Marion Brown au saxophone alto, Billy Bang au violon, Sirone à la contrebasse et Andrew Cyrille à la batterie. Et, à l’occasion de ce concert, un second contrebassiste fut de la fête : Fred Hopkins. Autrement dit, étaient réunies ce jour-là deux générations de l’avant-garde faite jazz. Un rêve…

Playlist du 18 janvier 2013

FOCUS SUR LE DISQUE « DOODLIN’ » DE ARCHIE SHEPP

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ARCHIE SHEPP. Doodlin’, Inner City 1976
If You Could See Me Now – 1969 – 5’10’’

ARCHIE SHEPP. Blasé, BYG Actuel 1969

Blasé – 1969 – 10’25’’

ARCHIE SHEPP. Pitchin’ Can, America 1970

Pitchin’ Can – 1969 – 7’35’’

ARCHIE SHEPP. Doodlin’, Inner City 1976

Sweet Georgia Brown – 1969 – 2’00’’

THELONIOUS MONK. Monk’s Dream, Columbia 1963

Bright Mississippi – 1962 – 8’30’’

ARCHIE SHEPP. Doodlin’, Inner City 1976

Worried About You – 1969 – 4’05’’

ALAN SHORTER. Orgasm, Verve 1968

Rapids – 1968 – 10’10’’


Doodlin’, disque tendre d’Archie Shepp

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Vendredi 18 janvier 2013

Histoire et actualité du jazz + focus sur le disque DOODLIN’ de Archie Shepp

Enregistré à Paris en 1970, lorsque la capitale française était la ville refuge de l’internationale des musiciens du free jazz, paru en 1976 sur le label Inner City Jazz et réédité ces temps-ci par ce label à la mémoire heureusement longue, Doodlin’ est un grand disque. Shepp s’y essaie au piano, et par là même confie son amour de la musique de Monk, et y reprend des thèmes de Horace Silver, Tadd Dameron ou le standard Sweet Georgia Brown. A ses côtés, de grands musiciens free prêtent main forte à ce disque tendre: Alan Shorter au bugle, Bob Reid à la contrebasse et Muhammad Ali à la batterie.

Playlist de l’émission du 11 janvier 2013

HISTOIRE ET ACTUALITÉ DU JAZZ + FOCUS SUR LE DISQUE « PASSAGES »

Passages

Passages suédois

BOBO STENSON TRIO. INDICUM (ECM 2012)

Indigo – 2011 – 4’20’’

CHARLES LLOYD. THE CALL (ECM 1993)

Nocturne – 1993 – 5’20’’

JAN JOHANSSON. IN HAMBURG (ACT 2011)

Visa Fran Utanmyra – 1965 – 3’10’’

JOHN COLTRANE. IMPRESSIONS (Impulse! 1963 – réédition 1987)

Dear Old Stockholm – 1963 – 10’35’’

ORNETTE COLEMAN TRIO. AT THE “GOLDEN CIRCLE” STOCKHOLM (Blue Note 1965)

European Echoes – 1965 – 7’50’’

Passages américains

DIDIER PETIT – ALEXANDRE PIERREPONT. PASSAGES (Rogue Art 2012)

Passage (with Marilyn Crispell) – 2012 – 4’25’’ (extrait)

DIDIER PETIT – ALEXANDRE PIERREPONT. PASSAGES (Rogue Art 2012)

Déesse-Allégresse (with Nicole Mitchell) – 2012 – 5’30’’

DIDIER PETIT – ALEXANDRE PIERREPONT. PASSAGES (Rogue Art 2012)

Vendanges (with Hamid Drake & Michael Zerang) – 2012 – 4’40’’


Voir et entendre…

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Vendredi 11 janvier 2013

Histoire et Actualité du jazz

+ focus sur le disque PASSAGES de Didier PETIT et Alexandre PIERREPONT

Le périple que firent le violoncelliste Didier Petit et l’écrivain Alexandre Pierrepont à travers les États Unis fut émaillé de rencontres musicales enregistrées et relaté en un très beau texte onirique. Passages est ainsi un disque et un livre, objet passionnant édité par le label Rogue Art.

« Que se passe-t-il quand, en passant, ils font des rencontres en chemin ? Ça, nous le savons. Nous en avons la réponse entre les mains, ou plutôt entre les oreilles. Treize rencontres. Treize secrets (…). Treize moments privilégiés. Treize lieux d’éclosion. Treize passages, aussi improbables qu’inoubliables. »

Yves Citton, extrait des notes de pochette

Avec  Marilyn Crispell, Gerald Cleaver, Nicole Mitchell, Larry Ochs, Hamid Drake …

Peter Brötzmann & Jason Adasiewicz « Going All Fancy »

Peter Brötzmann & Jason Adasiewicz

Going All Fancy

Eremite 2012

going all fancy

Ici, gouttes d’eau sur pierres brûlantes, notes aqueuses du vibraphone sur lave incandescente du saxophone. Ou comment la loi physique selon laquelle les pôles opposés s’attirent s’en trouve vérifiée.

Jason Adasiewicz hache son discours, le découpe à l’infini, passe les notes au tamis tandis que Peter Brotzmann, fidèle à lui-même coule son discours comme on fond les métaux. Chacun cherche son or, l’un égrenant le sol, l’autre pelletant des tunnels, mais c’est ensemble finalement que ces deux-là le trouveront. Vite. Dès la cinquième minute de ce disque (les échauffements accomplis, les muscles assouplis), la musique est belle, l’or est trouvé. On avait raison d’attendre beaucoup de ce disque-là.

Adasiewicz, 35 ans, chicagoan, est ce vibraphoniste aujourd’hui incontournable qui, comme hier Walt Dickerson, refuse à son instrument tout espoir d’animer quelque croisière, pour plutôt l’exposer aux quatre vents ou le plonger tout net dans le tumulte océanique.

Brötzmann, 71 ans, citoyen allemand ayant arpenté en tous sens les terres européennes de la musique improvisée, prenant depuis 25 années ses habitudes à Chicago, demeure fidèle à lui-même : généreux, le vibrato débordant, la sonorité énorme et les climax appelant parfois le répit de tempi méditatifs. Et justement, sur Going All Fancy, les rythmes plutôt apaisés de ce disque nous font prendre la mesure de son talent.

Gouttes d’eau sur pierres brûlantes, ou comment l’évaporation se fit musique un 8 juin 2011 à l’Abrons Art Center, New York, en public. Puis à présent, heureusement, incarnée en l’un des disques les plus importants de cette année 2012.