Le piano en noir et blanc d’Oliva

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Vendredi 29 avril 2011:

« LE FILM NOIR » et « AFTER NOIR », DEUX DISQUES DU PIANISTE FRANCAIS STEPHAN OLIVA

Stephan Oliva, après deux disques consacrés à la musique du compositeur Bernard Hermann, continue de creuser sa passion du cinéma. Ici, c’est au film noir que Stephan Oliva, toujours seul au piano, consacre deux disques. Le premier, « Le film noir », paraît sur le label Illusions et s’articule autour de variations écrites à partir de grands thèmes de films noirs. Le second, « After noir », disponible en téléchargement sur le label Sans Bruit, est constitué d’une suite d’improvisations, inspirées au pianiste par les grands acteurs (et actrices) du genre. Au final, deux grands disques, d’ombre et de lumière.

La beauté dénudée d’Abdou Bennani

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Vendredi 22 avril 2011:

FOCUS SUR LE SAXOPHONISTE TENOR MAROCAIN ABDELHAÏ BENNANI

Abdelhaï Bennani, de son Maroc natal, nous dit garder chère au cœur une musique orale, découlant de l’instant. De ses rencontres musicales en France, terre d’accueil de musiciens nomades, Abdelhaï « Abdou » Bennani a développé un discours sans concession, aux limites repoussées, à la beauté dénudée. Seul, ou avec des compagnons de très longue date (Alan Silva, Makoto Sato…) Abdelhaï Bennani est toujours un musicien (trop ?) rare…

Other Dimensions in Music featuring Fay Victor – Kaiso Stories

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Kaiso Stories
Silkeart, 2011

Le calypso (ou kaiso) comme le jazz sont des musiques issues de la créolisation, au sens où l’entend Edouard Glissant. Aussi, ces musiques résultent de l’entremêlement des fondamentaux (notamment rythmiques) africains et d’éléments musicaux ou d’instruments européens. Toutes deux, finalement, sont filles de l’Afrique et de l’Europe, nées en Amérique ; filles de l’exil donc.

Si le jazz a vu le jour aux Etats Unis, le calypso vient des Antilles, et plus exactement des îles Trinidad et Tobago. Moyen d’expression du peuple, musique du commentaire social, chant de la joie que procure la communauté comme du désespoir qui découle du déracinement, le calypso a bien des points communs avec le jazz, autre musique née de la douleur transcendée.

Les routes du jazz et du calypso se sont déjà croisées par le passé, chez Duke Ellington, Dizzy Gillespie et bien sûr Sonny Rollins. Car le jazz a toujours su remonter le fil noueux de ses racines pour se réinventer et souhaité se confronter aux autres musiques du monde pour affirmer son identité.

Ici, sur ce disque Kaiso Stories, le groupe de free jazz Other Dimensions In Music rencontre la chanteuse originaire de Trinidad et Tobago Fay Victor. Alors naît une musique superlative, énorme, hors normes. Car, pour continuer d’invoquer Glissant, dans cette musique du « tout-monde » ou du « chaos-monde », l’addition des éléments qui la composent donne un résultat supérieur à leur somme. Le mélange n’est pas dilution ni perte mais enrichissement et renaissance ; la tradition n’est pas objet de poursuite mais sujet de départ à une exploration sonore inouïe.

Le free jazz pétri par les mains aventureuses et inspirées des soufflants Roy Campbell et Daniel Carter, de William Parker (contrebasse, guembri) et de Charles Downs (percussions) se saisit du calypso comme d’un esprit inspirant et vivace, et trouve en Fay Victor une belle voix de la déraison. Fay Victor, justement, qui s’empare de ce projet instigué par le label Silkheart, pour libérer tantôt furieusement, tantôt tendrement, la voix caribéenne qui sommeillant nécessairement en elle.

Leur rencontre (ou leur « connexion », telle que la caractérise plutôt Fay Victor dans les touchantes et éclairantes notes de pochette) engendre une musique de fleuve en crue, de volcan réveillé, trop longtemps retenue, ravivée enfin. Une musique d’héritage et une musique d’urgence.

Booker Ervin : un son puissant

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Vendredi 15 avril 2011:

GRAND ANGLE SUR LE SAXOPHONISTE TENOR AMERICAIN BOOKER ERVIN (1930-1970)

« Un son puissant, des notes franches, un registre qui tend vers l’aigu : Booker Ervin, sur des bases bluesy, aime à arpenter très librement des gammes presque modales. Contrastant avec un phrasé décontracté, son discours prend souvent des allures obsessionnelles et engendre une tension et un climat lyriques tout à fait personnels. » Voici quelques lignes extraites du fameux Dictionnaire du Jazz ! Le nom de Booker Ervin est souvent associé à celui de Charles Mingus, car les deux hommes jouèrent souvent ensemble. Avec le grand Charles, Booker partage l’amour du blues et le souci de compositions perturbées (mais jamais vaincues) par les improvisations et les emballements les plus fous.

En souvenir de Billy Bang…

billy bangLe 11 avril dernier, le violoniste Billy Bang nous quittait à 62 ans. En hommage, et pour rappeler la singularité du musicien et la grandeur de l’homme, Jazz A Part propose de (ré)écouter l’émission du 4 février 2011 consacrée au musicien et en particulier à sa trilogie vietnamienne.En 1967, Billy Bang vivait l’expérience traumatisante de la guerre du Vietnam. Plus de trente ans plus tard, en 2000, le violoniste américain faisait paraître le disque Vietnam : the Aftermath et se confrontait ainsi enfin à ses démons. En 2005 suivra le disque Vietnam Reflections, disque de l’apaisement. En 2008, le film documentaire Billy Bang’s Redemption Song clôt la « trilogie vietnamienne » de Billy Bang. Ces trois œuvres, qui dessinent les contours de l’expérience guerrière de Billy, s’entremêlent dans cette émission…


Bruno Tocanne – 4 New Dreams!

d_4newdreamsBruno Tocanne
4 New Dreams!
IMR, 2010

Voici le troisième opus du projet New Dreams emmené par le batteur militant Bruno Tocanne. Après New Dreams nOw ! (en trio et en 2007) puis 5 New Dreams (en quintet, un an plus tard), voici 4 New Dreams !

Ici, aux côtés des deux membres « historiques » de New Dreams (le batteur Bruno Tocanne et le trompettiste Rémi Gaudillat), se joignent les fraîchement débarqués Samuel Blaser (trombone) et Michael Bates (impérial à la contrebasse).

Si les formations changent au long de ces trois disques, un même esprit les inspire : celui de Old and New Dreams, groupe emmené par quatre compagnons de Ornette Coleman dans les années 70 et 80 (Dewey Redman, Don Cherry, Charlie Haden et Ed Blackwell). Utiliser la liberté de ton, l’affranchissement de la norme d’Ornette pour chanter les idées libertaires et les utopies d’alors, tel fut le propos d’Old and New Dreams. Propos repris à leur compte par les équipages de New Dreams. En 2007, Bruno Tocanne confiait : « Alors que certains souhaitent liquider l’héritage de 1968 et des années qui ont suivi, il s’agit bien ici de l’affirmation de notre désir de continuer à inventer collectivement de nouveaux rêves, de nouvelles utopies, de nouveaux rapports humains… sans lesquels aucune poésie, aucune création, ni aucun projet collectif ne sont possibles ».

Dans ce 4 New Dreams !, de l’Old and New Dreams on retrouvera le choix du quartet sans piano, d’instruments percussifs qui peuvent se mettent à chanter, et de soufflants qui savent battre le rythme. Le choix, finalement, d’une musique sans hiérarchie ni leader, égalitaire, communautaire, aux mélodies – manifestes et aux improvisations – idéaux.

On y retrouvera aussi les terres africaines, origines rêvées d’une musique émancipée, l’évidence des mélodies simples et le trouble qui s’y installe bientôt, l’euphorie des jours de fête et la mélancolie qui leur succède.

On y retrouvera, enfin, le choix de puiser sans nostalgie dans les rêves d’hier pour construire les utopies et les musiques de demain.

De la majesté sereine de Birthday Memorial aux progressions heurtées de In a Suggestive Way, des changements de rythme de l’élastique Van Gogh aux bienheureux hasards de l’improvisé Waiting for…, tout le reste du disque se déroulera sous les auspices de ces quatre premières plages : un son ample, maîtrisé, mais gracile tout de même, au service de compositions d’une très haute tenue. Le tout traversé par un profond sentiment de liberté.

Roy Campbell Jr : l’amour de la great black music

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Vendredi 8 avril 2011:

FOCUS SUR LE TROMPETTISTE AMERICAIN ROY CAMPBELL JR

Roy Campbell Jr joue de la trompette, de la trompette de poche, du bugle, de la flûte… Il est le membre d’orchestres qui comptent beaucoup aujourd’hui  à New York et partout ailleurs: the Nu Band, Other Dimensions in Music, the Stone Quartet et tant d’autres… Bien sûr, il mène ses propres formations, car Roy Campbell Jr est aussi un compositeur de premier ordre ! Très attaché aux grandes figures de la trompette « hard bop » (Kenny Dorham, Howard McGhee, Lee Morgan), et compagnon du contrebassiste William Parker dès la fin des années 70, Roy Campbell Jr sait comme peu d’autres mêler tradition et avant-garde.

Ecoutez les Musqiues A Ouïr !

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Vendredi 1er avril 2011:

INVITE : DENIS CHAROLLES, ET LES MUSIQUES A OUÏR

En compagnie de Denis Charolles, qui nous fera le plaisir de sa présence dans le studio, Jazz A Part dressera le portrait de la Campagnie des Musiques à Ouïr. Ce collectif de musiciens s’ancre dans l’univers de ses trois membres pivots : Denis Charolles, donc (percussions etc.), Christophe Monniot (saxophones alto et baryton, etc.) et Fred Gastard (saxophone basse, etc.) et développe une musique qui mêle le jazz le plus libre à la chanson, la musette, la pop…

« Descendants libertaire de la clique Lubat, les trois virtuoses de la Campagnie des Musiques à Ouïr cultivent, sur le champ fertile du jazz libre et des musiques populaires, les beaux spécimens de leurs boutures surréalistes. » a pu-t-on lire dans Libération.

Amarco: l’amour de l’archet

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Vendredi 25 mars 2011:

FOCUS SUR LE TRIO AMARCO

« Le choix du « total acoustique » et du « total improvisé » est vraiment voulu. La dimension magique de la formation en trio, la somme de nos expériences, l’envie d’inventer in situ des textures, des chants et/ou des architectures font de nous les éléments d’un orchestre constamment aléatoire, avec jubilation et sans tabous. » nous livre Claude Tchamitchian quant à Amarco, trio au sein duquel il officie. Amarco, c’est donc Claude Tchamitchian à la contrebasse, Vincent Courtois au violoncelle et Guillaume Roy à l’alto. Dans Amarco, il y a « amour » et « arco », autrement dit un attachement aux cordes frottées par l’archet qui donne ce son absolument envoutant aux compositions / improvisations du trio qui sort aujourd’hui un grand  disque sur le label Emouvance.

Les projets vigoureux de Jean-Noël Cognard

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Vendredi 18 mars 2011:

FOCUS SUR LE BATTEUR JEAN-NOËL COGNARD

Tankj, Tribaque, Empan… Voici quelques unes des formations instiguées par le batteur Jean-Noël Cognard, qui développe en de nombreuses rencontres des ambiances musicales qui évoquent les heures glorieuses du free jazz comme l’improvisation libre la plus contemporaine. Ou, comme peut le dire Guillaume Belhomme dans le blog Le Son du Grisli : « Percussionniste efficient, Jean-Noël Cognard multiplie les projets vigoureux ». On peut entendre le musicien en compagnie de figures aussi importantes que Jean-François Pauvros, Michel Pilz, Jacques Berrocal…