Histoire et actualité du jazz + focus sur le disque TRIBAL GHOST de JOHN TCHICAI (NoBusiness 2013)

On se souvient de la parution, en 2006, d’un grand disque : Good Night Songs, signé par les souffleurs John Tchicai et Charlie Kohlhase et le guitariste Garrison Fewell. On découvre aujourd’hui grâce au label NoBusiness que les 3 hommes se retrouvèrent en 2007 et convièrent une belle section rythmique : Cecil McBee (contrebasse) et Billy Hart (batterie). On peut entendre la musique du quintet à travers la parution du superbe Tribal Ghost, chargé d’émotion (John Tchicai disparaissait en octobre 2012…).

Avant d’en arriver là, l’émission s’est penchée sur quelques duos trompette / batterie.

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La playlist

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3ème émission d’octobre 2013

tribal ghost

Une poignée de duos de trompette et batterie + focus sur le disque TRIBAL GHOST de JOHN TCHICAI (NoBusiness 2013)

On se souvient de la parution, en 2006, d’un grand disque : Good Night Songs, signé par les souffleurs John Tchicai et Charlie Kohlhase et le guitariste Garrison Fewell. On découvre aujourd’hui grâce au label NoBusiness que les 3 hommes se retrouvèrent en 2007 et convièrent une belle section rythmique : Cecil McBee (contrebasse) et Billy Hart (batterie). On peut entendre la musique du quintet à travers la parution du superbe Tribal Ghost, chargé d’émotion (John Tchicai disparaissait en octobre 2012…).

DABROWSKI SOREY DUO. STEPS (Fortune 2013)

Song 1 (Grayish) – 4’25’’

WADADA LEO SMITH & LOUIS MOHOLO-MOHOLO. ANCESTORS (Tum Records 2012)

Moholo Moholo / Golden Spirit – 8’50’’

WADADA LEO SMITH & ED BLACKWELL. THE BLUE MOUNTAIN SUN’S DRUMMER (Kabell 1986 – 2010)

Uprising – 4’40’’

DON CHERRY & ED BLACKWELL. Mu (BYG Actuel 1969)

Psycho Drama – 2’45’’

GARRISON FEWELL. VARIABLE DENSITY SOUND ORCHESTRA (Creative Nation Music 2008)

Olorun Song – 4’00’’

TCHICAI / KOHLHASE / FEWELL. GOOD NIGHT SONGS (Boxholder records 2006)

Llanto Del Indio – 10’50’’

JOHN TCHICAI / CHARLIE KOHLHASE / GARISSON FEWELL / CECIL McBEE / BILLY HART. TRIBAL GHOST (NoBusiness 2007 – 2013)

The Queen Of Ra – 10’00’’


Playlist du 28 septembre 2012

HISTOIRE ET ACTUALITÉ DU JAZZ + FOCUS SUR « TRANS » DE JOËLLE LEANDRE ET SERGE TEYSSOT-GAY


TRANS

GARRISON FEWELL & ERIC HOFBAUER. THE LADY OF KHARTOUM

(Creative Nation Music 2007)

Prologue: Before the Dream – 2006 – 1’40’’

VINCENT COURTOIS. MEDIUMS (La Buissonne 2012)

Mounting – 2011 – 4’15’’

JEFF PARKER TRIO. BRIGHT LIGHT IN WINTER (Delmark 2012)

Mainz – 2011 – 6’35’’

LOREN CONNORS & JIM O’ROURKE. ARE YOU GOING TO STOP… IN BERN? (Hatology 1998)

Now Who Are These Guys? – 1997 – 5’20’’

COOPER-MOORE. THE CEDAR BOX RECORDINGS (Aum Fidelity 2009)

Where Do Old Friends Go? – 2004 – 4’25’’

BILLY BANG. VIETNAM THE AFTERMATH (Justin Time 2001)

Moments For The KIAMIA – 2001 – 6’35’’

JESSICA PAVONE. ARMY OF STRANGERS (Porter Records 2011)

April Is Over – 2010 – 4’00’’

JOËLLE LEANDRE & SERGE TEYSSOT-GAY. TRANS (Intervalle Triton 2012)

1 – 2012 – 7’25’’

JOËLLE LEANDRE & SERGE TEYSSOT-GAY. TRANS (Intervalle Triton 2012)

4 – 2012 – 7’40’’

Playlist du 9 septembre 2011

GRAND ANGLE SUR LE GUITARISTE AMERICAIN

GARRISON FEWELL


Garrison Fewell / Eric Hofbauer “The Lady of Karthoum”

(2007 Creative Nation Music)

The Lady of Karthoum – 4’00’’

John Tchicai / Charlie Kohlhase / Garisson Fewell “Good Night Songs”

(2005 Boxholder Records)

Lanto del Indio – 10’40’’

John Tchicai’s Five Points “One Long Minute”

(2008 Nu Bop Records)

Venus – 9’45’’

Garrison Fewell “Variable Density Sound Orchestra”

(2008 Creative Nation Music)

Olorun Song – 4’00’’

Garrison Fewell “Variable Density Sound Orchestra”

(2008 Creative Nation Music)

Calculations in Yaxchilan – 8’25’’

Garrison Fewell / Eric Hofbauer “The Lady of Karthoum”

(2007 Creative Nation Music)

Farsighted Friendship – 6’15’’

John Tchicai’s Five Points “One Long Minute”

(2008 Nu Bop Records)

Yojimbo – 1’35’’

Garrison Fewell : l’évidence du son

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Vendredi 9 septembre 2011:

FOCUS SUR LE GUITARISTE AMERICAIN GARRISON FEWELL

Cette première émission de la saison se consacrera au guitariste américain Garrison Fewell. Compagnon de musiciens aussi emblématiques que le contrebassiste Cecil McBee ou le saxophoniste John Tchicai, Fewell mène aussi d’importantes formations du jazz libre d’aujourd’hui, dans lesquelles ont peut voir apparaître le trompettiste Roy Campbell Jr ou encore son alter ego Eric Hofbauer. « La musique de Garrison  Fewell coule, vient à nous lentement telle une vague apaisée. Parfois, elle empruntera des chemins plus détournés, quelques circonvolutions en arabesque ou en trajectoires anguleuses, imprimera quelques accélérations aussi, mais reviendra bientôt à cette tranquille assurance, cette limpidité, cette évidence du son. » (Pierre Lemarchand, Sept Guitares, éd. Le Son du grisli)

Garrison Fewell, la poursuite du son merveilleux

itw_Garrison-FewellGARRISON FEWELL
LA POURSUITE DU SON MERVEILLEUX

La musique de Garrison Fewell coule, vient à nous lentement telle une vague apaisée. Parfois, elle empruntera des chemins plus détournés, quelques circonvolutions en arabesque ou en trajectoires anguleuses, imprimera quelques accélérations aussi, mais reviendra bientôt à cette tranquille assurance, cette limpidité, cette évidence du son.

Car Fewell, c’est avant tout ce son qui ne souffre aucune coquetterie, aucune affectation, aucune inutile virtuosité ; un son sûr de lui-même. Le guitariste est un musicien qui sait s’effacer pour laisser la place aux autres et, plutôt que d’occuper l’espace à tout prix, Garrison Fewell ouvre de grandes brèches comme autant d’invitations pour ses compagnons à s’y engouffrer. Il nous rappelle, alors, qu’éloquence n’est pas bavardage, qu’autorité n’est pas omniprésence : « Respecter les possibilités des autres musiciens, ainsi que leurs propres contributions, même lorsqu’il s’agit de défendre ses propres compositions, permet de tirer parti de transformations et d’interactions spontanées. »

Quand on interroge Fewell sur ses influences, celui-ci refuse de choisir entre tradition et avant-garde : aux côtés des grands maîtres pionniers du genre (Jim Hall, Kenny Burrell) on trouve le diamant brut Derek Bailey. De ce dernier, Garrison Fewell a hérité le tempérament de sorcier d’une musique de l’instant et de défricheur des mille possibles de son instrument. La guitare entre ses mains doit être un « orchestre miniature » : « J’essaye de jouer de l’instrument au maximum de ses capacités, sur le manche mais pas seulement. »

Outre le jazz et la creative music, les musiques d’Orient sont pour Fewell une immense source d’inspiration : pour la sonorité aérienne des instruments qui l’incarnent (oud, shenai, sarode, etc.) comme pour la modalité qui permet de créer, en dilatant l’espace temps, les conditions idéales à l’improvisation. « Depuis des temps reculés, l’improvisation a toujours été un élément inhérent de la musique, les ragas indiens en sont un exemple. » L’Orient, c’est aussi pour Fewell le lieu de toutes les quêtes spirituelles et en particulier du bouddhisme, auquel il croit profondément. Evoquer la foi de Fewell ne sert aucunement l’anecdote mais nous ramène à ce son qui est son identité, l’essence même de son art : « Cela fait trente-trois ans que je suis adepte du bouddhisme et je travaille chaque jour dans le but d’approfondir ma connexion à la nature musicale que nous possédons tous : une sorte de vibration lumineuse de rythme et de son à laquelle nous pouvons nous connecter, qui dépasse l’esprit et l’environnement, transcende toutes limites et nous permet de mieux vivre en accord avec l’entier univers. Une triade est un peu le réglage sur lequel s’accorde l’harmonie des planètes et des intervalles de leurs relations. Dans le Lotus Sutra, il y a justement un Bodhisattva que l’on appelle « Son Merveilleux ».

Pour sa poursuite du « Son Merveilleux », le guitariste Garrison Fewell sait s’offrir les services de solides et lumineux compagnons. Citons bien sûr le vieux sage John Tchicai, rencontré en 2003, avec lequel il emmène un trio complété d’un autre saxophoniste, Charlie Kohlhase, et invitons à l’écoute de leur double album « Good Night Song ». Ici le trio, à la manière de celui de Jimmy Giuffre quelques décennies auparavant, sans contrebasse ni batterie, nous rappelle que le free peut être apaisé et source d’itinérances méditatives. Citons aussi l’alter ego Eric Hofbauer, partenaire en duo de guitares ou au sein du Variable Density Sound Orchestra, sextet important dans lequel s’invite le trompettiste Roy Campbell Jr. Ici aussi, Garrison Fewell crée les conditions d’une musique qui s’impose vite par son étrange beauté, de légèreté et densité mêlées.

Si jamais vous rencontrez Garrison Fewell au détour de son inlassable traque du Son Merveilleux, s’il vous plaît, rassurez-le : il est assurément sur le bon chemin.