Le jazz – combat de Nelly Pouget

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Vendredi 5 novembre 2010:

FOCUS SUR LA SAXOPHONISTE NELLY POUGET

« Nelly Pouget, sans imiter qui que ce soit, s’est créé un monde bien à elle, à partie d’un jazz de combat, inventé par Albert Ayler, Archie Shepp et quelques autres. (…) » Claude Colpaert

Nelly Pouget, qu’elle invite à ses côtés de beaux géants du free (Siegfried Kessler, Sunny Murray, Andrew Cyrille…) ou joue en solo, qu’elle mêle le son cuivré de son saxophone aux racines africaines ou à la majesté des orgues, reste une artiste à l’identité forte, qui « remagnétise la musique, redonne à l’objet sonore son aura mystique et sa profondeur révélatrice » (Jazz Magazine).

Les audaces de Linda Oh

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Vendredi 29 octobre 2010 : FOCUS SUR LA CONTREBASSISTE LINDA OH

Le premier album de Linda Oh, « Entry », la présente en une formule aussi rare qu’audacieuse : un trio trompette / contrebasse / batterie. Tout au long de ce disque, elle étonne par sa maîtrise instrumentale(le son de sa contrebasse est plein et puissant), son aisance mélodique et ses audaces esthétiques (le silence comme la saturation y cohabitent joyeusement). A ses côtés, nous découvrons les impeccables Ambrose Akinmusire (trompette) et Obled Calvaire (batterie). L’autre moitié de l’émission prolongera le plaisir et proposera la (re)découverte de réjouissant(e)s contrebassistes.

La voix de Leena

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Vendredi 22 octobre 2010: FOCUS SUR LA CHANTEUSE LEENA CONQUEST

La première partie de l’émission s’attardera sur des disques, aussi remarquables que récemment parus. Puis nous terminerons l’heure passée ensemble en compagnie de la chanteuse Leena Conquest, très souvent associée à la musique de William Parker et de la scène qui lui est liée. Leena et son chant plein de ferveur évoquent beaucoup l’art de Nina Simone,  Abbey Lincoln ou encore Aretha Franklin.

Bonnes vibrations…

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Vendredi 15 octobre 2010: GOOD VIBES ! (Autour de quelques vibraphonistes)

Après la chronique de Raphaëlle Tchamitchian « Soliloque »,  qui se penchera sur le disque « Solobsession » que le pianiste Bojan Z. gravait en solo en 2001, Jazz A Part fera resurgir d’un passé proche comme plus lointain quelques airs dont la magie tient sûrement beaucoup à la présence de grands vibraphonistes : Karl Berger, Bobby Hutcherson, Walt Dickerson, Milt Jackson…

L’art nouveau de Furic Leibovici

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Vendredi 8 octobre 2010: FOCUS SUR LE CONTREBASSISTE STEPHANE FURIC LEIBOVICI

Stéphane Furic Leibovici a fait paraître en 2008 et 2010 deux disques sur le légendaire label new yorkais ESP.

Il y présente la musique de Jugendstil, projet qui brouille les frontières entre jazz avant-gardiste et musique de chambre contemporaine. En belle compagnie (Lee Konitz, Chris Speed, Chris Cheek, Jim Black…), le contrebassiste fait la part belle à l’exploration des timbres, la mise en scène du silence. La musique, en déployant de majestueuses lignes courbes, pourrait être alors le pendant musical du mouvement architectural de l’Art Nouveau (« Jugendstil » en allemand).

Lors de cette même émission, Cécile Even, en sa chronique « les Instantanés », nous fera découvrir la musique de la saxophoniste danoise Lotte Anker.

Claude Tchamitchian – Another Childhood

d_another-childhoodClaude Tchamitchian
Another Childhood
Emouvance, 2010

D’abord, Rainer Maria Rilke : « Une seule chose est nécessaire: la solitude. La grande solitude intérieure. Aller en soi-même, et ne rencontrer, des heures durant, personne – c’est à cela qu’il faut parvenir. Etre seul comme l’enfant est seul (…) »

« Another Childhood », disque de contrebasse solo de Claude Tchamitchian nous rappelle que le musicien, à l’instar de l’écrivain dans ses « Lettres à un Jeune Poète », avait lié enfance et solitude dans un opus précédent consigné en solo déjà : « Jeu d’Enfants », paru en 1993.

Si chez Tchamitchian l’enfance est marquée du sceau du monde intérieur, elle est aussi le temps de l’apprentissage de l’altérité et de l’apprentissage grâce à l’altérité.

Ainsi, l’exercice du solo offre un aller retour entre le moi et le monde, entre singularité et diversité. Cette ambivalence, Claude Tchamitchian l’incarne par l’utilisation de sa contrebasse en conférant à celle-ci une « dimension polyphonique », en la faisant sonner « de façon ample, orchestrale », nous dit-il lors de l’entretien donné à Anne Montaron et consigné dans le livret éclairant du disque.

Dans le livret toujours, on lira bien sûr les titres des 9 morceaux composant « Another Childhood », et chacun se trouve suivi d’une dédicace. Claude Tchamitchian rend hommage aux pairs influents : trois contrebassistes (Ralph Pena, Peter Kowald, Jean-François Jenny Clark) et un guitariste (Raymond Boni). Mais dédicaces sont aussi offertes aux proches, alors mentionnés par leur prénom suivi d’une pudique initiale.

« Haute Enfance », qui ouvre le disque, est traversé des réminiscences de mélodies populaires, orales, ancestrales, et les figures de grands musiciens traditionnels, signés par Claude Tchamitchian sur le label Emouvance, tels le joueur de doudouk Araïk Bartikian ou le joueur de kamantcha Gaguik Mouradian, semblent venir visiter la session.

Puis le disque se poursuivra en une alternance de pizzicatos véloces, agiles et aériens et d’arcos graves, amples et terriens.

Les passerelles continuent d’être jetées : après les recueillies racines arméniennes, la solennité de certains compositeurs du 20ème siècle, qui mirent au cœur de leur musique les sonorités basses et une certaine idée de la mélancolie, transparaît. On pense alors à l’univers hébraïque d’Ernest Bloch (suites pour violoncelle), aux accents slaves de Chostakovitch (quatuors à corde).

Et du jazz, bien sûr, Claude Tchamitchian cultive la pulsation vitale, la liberté de sortir des cadres et de tracer des routes inédites, des raccourcis comme de sinueux détours, de longues pauses contemplatives…

Claude Tchamitchian, en s’attachant au passé, fait surgir une musique mouvante et vivante, une musique de l’instant présent, nourrie et irriguée du long fleuve qui l’a charriée jusqu’à nous, forte de ses nombreuses confluences, tout en en étant déjà irrémédiablement séparée. Nous pourrions dire que ce disque fait preuve, ainsi, de modernité.

Rainer Maria Rilke, finalement : « Fussiez-vous dans une prison dont les murs ne laisseraient parvenir à vos sens aucune des rumeurs du monde, n’auriez-vous pas alors toujours votre enfance, cette délicieuse et royale richesse, ce trésor des souvenirs ? Tournez vers elle votre attention. Cherchez à faire resurgir les sensations englouties de ce vaste passé; votre personnalité s’affermira, votre solitude s’étendra pour devenir une demeure de douce lumière, loin de laquelle passera le bruit des autres. »

Claude Tchamitchian: Another Childhood (Emouvance)
Edition : 2010.
CD : 01/ Haute enfance 02/ Raining Words 03/ Désirs d’ailes 04/ Mémoire d’élégant 05/ Rire de soie 06/ Broken Hero 07/ Off the Road 08/ Doucement tranquillement… 09/ Les pas suspendus