Les flyers de la saison 2011-2012
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De ce quintet qui fait corps, évoquons tout d’abord les membres. Aux côtés du jeune leader, le clarinettiste polonais Waclaw Zimpel, on trouvera son compatriote Mark Tokar à la contrebasse et l’allemand Klaus Kugel à la batterie. Avec eux, deux vétérans américains du plus fier des free jazz : le pianiste Bobby Few (ancien compagnon de Steve Lacy et Albert Ayler) et le souffleur Perry Robinson (que l’on entendit aux côtés de Archie Shepp, Henry Grimes ou encore Rachied Ali).
Dès les premières mesures et leurs lentes précipitations de notes, on sait que l’on nous offre ici un disque d’importance. Les cinq hommes délivrent une musique resserrée et intense telle une flamme vivace qui percerait la nuit. Petite armée obstinée, elle avance sûrement et la première excursion solitaire, celle du piano de Bobby Few, propose alors les premiers moments d’exception. Ses amples vagues emporteront tout sur leur passage. Telles celles d’un Cecil Taylor, les notes de Bobby Few percutent l’auditeur pour ensuite l’assaillir avec douceur, tendresse presque, vertige toujours.
Alors, le disque, recueil de trois longs morceaux livrés par le 5tet lors d’un concert à Varsovie, fera montre d’une intensité jamais relâchée. Le cœur du disque, sa plus belle pulsation, est assurément le second titre, « Moves between clouds ». Après ce moment d’une grâce étonnante (fausse légèreté, vraie solennité), on ne pourra que regretter les égarements d’un troisième morceau qui aura tendance à se perdre parfois dans des divagations verbeuses. Mais faisons fi de ce bémol prononcé de fine bouche, et revenons au cœur. Les entrelacs hésitants des souffles de Perry Robinson et Waclaw Zimpel ne se feront pas de sitôt oublier, et les paysages traversés dans leur sillage ne demanderont qu’une chose : être arpentés encore, par leurs marges, en de sinueux détours que seuls ces cinq là semblent pouvoir emprunter.
Perry Robinson – clarinette
Waclaw Zimpel – clarinette, clarinette basse, tarogato
Bobby Few – piano
Mark Tokar – contrebasse
Klaus Kugel – batterie
UNDIVIDED “Moves between clouds – Live in Warsaw”
(Multikulti project 2011)
Moves between clouds (14’35’’)
Andrea CENTAZZO / Perry ROBINSON / Nobu STOWE « The Soul in the Mist »
(Konnex / Ictus 2007)
A foggy day in Philadelphia (4’25’’)
Nobu STOWE & Alan MUNSHOWER with Badal ROY “An die Musik”
(Soul Note 2008)
Trio I (7’35’’)
Nobu STOWE / Tyler GOODWIN / Alan MUNSHOWER “Trio Ricochet”
(2006)
Dawn Dance of the East (8’55’’)
Nobu STOWE “Confusion Bleue”
(Soul Note 2009)
Intermède III (4’00’’)
Nobu STOWE – Lee PEMBLETON Project « Hommage an Klaus Kinski »
(Soul Note 2007)
Trio III-b (4’55’’)
Nobu STOWE “L’Albero delle Meduse”
(2010)
Witchi-Tao-To (6’05’’)
Vendredi 23 septembre 2011 :
FOCUS SUR LE PIANISTE NOBU STOWE
«Tous les disques de Nobu Stowe obéissent au même principe : improvisation totale. Rien d’écrit au préalable, si ce n’est quelques indications quant à l’ordre d’entrée des instruments ; et on laisse venir la musique.» (Aymeric Morillon, Citizen Jazz)
Pianiste japonais arrivé à 18 ans aux États Unis, amoureux de Keith Jarrett et du jazz français, proclamant son refus d’une musique trop cérébrale et préconisant l’intuition, transcendant les frontières entre les genres, Nobu Stowe est depuis 5 ans un musicien très attachant. Aux côtés de musiciens tels Andrea Centazzo (perc.), Achille Succi (sax., clarinette), Blaise Siwula (sax, flûte), cultive l’art de la surprise.
•Charles Mingus “The Clown”
13 mars 1957, Atlantic
Haitian fight song – 11’55’’
•Charles Mingus “Tonight at Noon”
13 mars 1957, Atlantic
Tonight at Noon – 5’55’’
•Charles Mingus “Mingus Three”
9 juillet 1957, Jubilee
Summertime – 4’40’’
•Charles Mingus “Tijuana Moods”
18 juillet 1957, RCA
Flamingo – 5’35’’
•Charles Mingus “East Coasting”
6 août 1957, Bethlehem
West coast ghost – 10’25’’
•Charles Mingus “A Modern Jazz Symposium of Music and Poetry”
Octobre 1957, Bethlehem
Scenes in the city – 11’50’’
Vendredi 16 septembre 2011:
GRAND ANGLE : CHARLES MINGUS 1957
L’œuvre de Mingus est telle que l’on peut s’offrir le luxe de ne se pencher une heure durant que sur une année… Ainsi, donc, de 1957, année charnière pour le contrebassiste qui à partir de là deviendra incontournable. S’il grava l’année précédente Pithecanthropus Erectus, son premier véritable chef d’œuvre, c’est bien en 1957 que Mingus, à travers des disques aussi majeurs que The Clown ou Tijuana Moods, s’imposera comme un des génies du jazz moderne, sachant mêler l’héritage de Ellington (pour les arrangements notamment), la révolution bop (quelles compositions !) et les visions du free (quelle liberté !).
• Garrison Fewell / Eric Hofbauer “The Lady of Karthoum”
(2007 Creative Nation Music)
The Lady of Karthoum – 4’00’’
• John Tchicai / Charlie Kohlhase / Garisson Fewell “Good Night Songs”
(2005 Boxholder Records)
Lanto del Indio – 10’40’’
• John Tchicai’s Five Points “One Long Minute”
(2008 Nu Bop Records)
Venus – 9’45’’
• Garrison Fewell “Variable Density Sound Orchestra”
(2008 Creative Nation Music)
Olorun Song – 4’00’’
• Garrison Fewell “Variable Density Sound Orchestra”
(2008 Creative Nation Music)
Calculations in Yaxchilan – 8’25’’
• Garrison Fewell / Eric Hofbauer “The Lady of Karthoum”
(2007 Creative Nation Music)
Farsighted Friendship – 6’15’’
• John Tchicai’s Five Points “One Long Minute”
(2008 Nu Bop Records)
Yojimbo – 1’35’’
Vendredi 9 septembre 2011:
FOCUS SUR LE GUITARISTE AMERICAIN GARRISON FEWELL
Cette première émission de la saison se consacrera au guitariste américain Garrison Fewell. Compagnon de musiciens aussi emblématiques que le contrebassiste Cecil McBee ou le saxophoniste John Tchicai, Fewell mène aussi d’importantes formations du jazz libre d’aujourd’hui, dans lesquelles ont peut voir apparaître le trompettiste Roy Campbell Jr ou encore son alter ego Eric Hofbauer. « La musique de Garrison Fewell coule, vient à nous lentement telle une vague apaisée. Parfois, elle empruntera des chemins plus détournés, quelques circonvolutions en arabesque ou en trajectoires anguleuses, imprimera quelques accélérations aussi, mais reviendra bientôt à cette tranquille assurance, cette limpidité, cette évidence du son. » (Pierre Lemarchand, Sept Guitares, éd. Le Son du grisli)