The Urethane Revolution 18 – (un)happy ending short stories

d_unhappyendingThe Urethane Revolution
18 (un)happy ending short stories
2009

The Urethane Revolution nous offre, en ce disque, 18 histoires courtes, qui pourront bien ou mal se dénouer… La brièveté que les deux musiciens s’imposent (les morceaux durent de 0’36 à 3’56) nous rappelle que la discipline est un terreau indispensable à l’improvisation et la liberté. De liberté, il est ici partout question et la concision semble être la seule direction que se fixe le duo. A l’intérieur de ce format court, tout peut alors advenir et les deux hommes ne tardent guère à l’investir tel un champ de tous les possibles.

18 histoires courtes, donc, dont l’issue gaie ou triste est l’irrémédiable accomplissement. Chaque morceau, alors, devient cette course, parfois vive parfois lente, vers la chute. Et tout du long, cette dramaturgie retiendra l’attention, créera le suspense en faisant se mêler la gravité de la fatalité (l’inéluctabilité du format court) et la légèreté de l’imprévisible (l’improvisation est maîtresse à bord).

18 histoires, oui, comme autant de vers d’un méandreux poème, avec pour césure le plus long des morceaux, le plus lent peut-être, le plus beau assurément : « The ship », tel un cœur central, propose les titres qui l’entourent comme autant de battements possibles : ici vifs, effrénés, emballés, plus loin apaisés et ralentis… 18 histoires, donc, comme autant de propositions pour incarner la volatilité et le caractère sans cesse changeant du monde. Histoires de souffle et de peau, elles constituent un corps qui se tend, puis se relâche, expire, expulse, se calme à nouveau. Cette musique est la vie même : surprenante, inimaginable, capricieuse et, toujours, nous offrant de petits éclats de beauté pure.

Des deux musiciens, nous ne saurons rien. L’iconographie nous présente une batterie d’instruments, en une belle photo présentant un désordre cependant domestiqué (rappelons-le s’il est besoin : ce disque est né de la discipline et de la liberté rencontrées). Instruments percussifs, batterie, saxophone alto, bol tibétain et objets du plus banal quotidien nous sont exposés en lieu et place des musiciens. Alors, ces derniers seraient joués plutôt qu’ils ne joueraient ; à travers eux transpirerait le fracas du monde, ses respirations comme ses battements, fidèlement à la grande tradition chamanique.

Urbaine, la musique jouée ici l’est cependant incontestablement : elle découle des tourments des temps modernes, elle est leur course affolée et solitaire, elle est la sœur de leur révolution industrielle. Mais les mélodies en lambeau qui parviennent jusqu’à nous grâce à ce disque du Urethane Revolution sont surtout filles de la Nature, de son pouls immémorial, de son bruissement familier.