4ème émission d’octobre 2013

Photo de Appoline Nur Goni Lasserre

Photo de Appoline Nur Goni Lasserre

GRAND ANGLE SUR LE PERCUSSIONNISTE DIDIER LASSERRE

Une fois qu’on a croisé la route de la musique de Didier Lasserre, celle-ci ne vous lâche plus. Et chaque parution de disque devient un moment attendu et un privilège rare. C’est le cas, bien sûr, pour La Mémoire, parenthèse musicale offerte loin des fracas du monde, respiration poétique fragilement échappée, délicatement frappée et frottée par Didier Lasserre seul à la batterie ancienne. La Mémoire sera le fil de cette heure d’un Jazz A Part dédié au rare Didier Lasserre.


Didier LASSERRE. LES NERFS SONT SILENCES (Petit Label 2008)

Les nerfs sont silences (extrait – 50 »)

Sylvain GUERINEAU – Didier LASSERRE – Jean ROUGIER. LIGNE (Improvising Beings 2012)

Cime et abime sur la même ligne III (8’25 »)

Didier LASSERRE. LA MEMOIRE (Entre deux points 2013)

La mémoire (extrait 4’50 »)

John COLTRANE. CRESCENT (Impulse! 1965)

The drum thing (7’20 »)

Benat ACHIARY & Didier LASSERRE. HORD CIEL (Amor Fati 2011)

I (extrait 4’30 »)

Benjamin DUBOC. PRIMARE CANTUS (Ayler records 2011)

Disc 2 – IV (2’05 »)

Didier LASSERRE. LA MEMOIRE (Entre deux points 2013)

La mémoire (extrait 3’00 »)

Didier LASSERRE. SUR QUELQUES SURFACES VACANTES (Entre deux points 2010)

Surface IV (extrait 2’30 »)

Ronnie Lynn PATTERSON & Didier LASSERRE. THE GERNIKA SUITE (Amor Fati 2006)

VII (extrait 4’20 »)

Didier LASSERRE. LA MEMOIRE (Entre deux points 2013)

Signe (extrait 2’00 »)

Playlsit du 30 novembre 2012

GRAND ANGLE SUR LE LABEL IMPROVISING BEINGS

duboc_oki

BENJAMIN DUBOC & ITARU OKI. NOBUSIKO (IB01 / 2010)

Yamabusi – 2009 – 3’30’’

SONNY SIMMONS & DELPHINE LATIL.

SYMPHONY OF THE PEACOCKS (IB04 / 2011)

The blues of what it is – 2010 – 11’10’’

SONNY SIMONS & FRANCOIS TUSQUES. NEAR THE OASIS (IB10 / 2011)

Near the oasis – 2011 – 8’05’’

FRANCOIS TUSQUES & NOEL McGHIE. TOPOLITOLOGIE (IB02 / 2010)

Sérénité – 2010 – 4’05’’

BENJAMIN DUBOC & ITARU OKI. NOBUSIKO (IB01 / 2010)

Shykuendo – 2009 – 3’10’’

MARIO RECHTERN & ERIC ZINMAN. ZORN (IB07 / 2011)

A pompe funèbre for the divorcée – 2007-08 – 4’25’’

SYLVAIN GUERINEAU – DIDIER LASSERRE – JEAN ROUGIER.

LIGNE  (IB12 / 2012)

Cime et abîme sur la même ligne ƒ – 2011 – 8’25’’

BENJAMIN DUBOC & ITARU OKI. NOBUSIKO (IB01 / 2010)

Rindo – 2009 – 3’20’’


Playlist du 11 mai 2012

HISTOIRE ET ACTUALITE DU JAZZ + FOCUS SUR LE PIANISTE ITALIEN GIANNI LENOCI

reciprocal uncles

SYLVAIN GUERINEAU – DIDIER LASSERRE – JEAN ROUGIER.

LIGNE (Improvising beings 2012)

Cîme (4’45’’) – 2011

THE LOUIE BELOGENIS TRIO. TIRESIAS (Porter records 2011)

Alabama (5’00’’) – 2008

ALBERT AYLER. SPIRITS REJOICE (ESP-Disk  1965)

Angels (5’30’’) – 1965

THE BYARD LANCASTER UNIT.

LIVE AT MACALESTER COLLEGE (Dogtown records 1972 / Porter records 2008)

Last summer (3’15’’) – 1971

WILDFLOWERS. LOFT JAZZ NEW YORK 1976 (Douglas: 1976)

Over the rainbow (5’45’’) – 1976

GIANNI LENOCI 4TET feat. WILLIAM PARKER.

SECRET GARDEN (Silta records 2011)

Mbira (17’00’’) – 2010

GIANNI LENOCI HOCUS POCUS 3 with STEVE POTTS.

BUCKET OF BLOOD (Silta records 2011)

Waltz for Steve Potts (9’45’’) – 2009

GIANNI LENOCI & GIANNI MIMMO. RECIPROCAL UNCLES (Amirani records 2010)

Brain prelude (3’00’’) – 2009


Benjamin Duboc « Primare Cantus »

Benjamin Duboc

Primare Cantus

Ayler Records 2011

Benjamin Duboc pirmare cantus

A Benjamin Duboc, artiste régulier du label, Ayler Records offre la belle opportunité de développer ses conceptions musicales sur la longueur. Primare Cantus se présente donc en un coffret de trois disques, chacun présentant le contrebassiste en contextes différents.

D’abord, il faut souligner l’ambition du projet et sa belle démesure. Ensuite, déjà dire que le résultat est impressionnant, pour qui choisira de s’attarder en compagnie d’une musique qui ne s’offre qu’à l’auditeur qui s’y plonge totalement. Cette immersion en eaux profondes commence doucement, progressivement, en une longue pièce à la contrebasse solo, Primare Cantus, qui occupe tout le disque premier, et qui donnera son nom à l’’ensemble du projet.

La respiration, le battement, le souffle de la contrebasse dans cette première et longue pièce captive tout le long de ses 42 minutes en un voyage presque immobile. La musique y est jouée sur le cordier de la contrebasse, à l’archet, et explore ainsi le registre le plus grave de cet instrument grave. Elle se déplace lentement, par infimes variations, par petites touches qui créent un sentiment d’engourdissement et de fascination.

Sur le second disque, la contrebasse de Duboc, qui si elle n’est plus seule n’en demeure pas moins centrale, se fait tendrement envelopper jusque dans ses dissonances par le saxophone ténor de Sylvain Guérineau, les saxophones ténor et  baryton de Jean-Luc Petit ou les percussions de Didier Lasserre. Les 10 pièces, toutes jouées en duo, qui figurent sur ce deuxième disque font surgir de bien contrastés univers. Ses trois compagnons offrent à Benjamin Duboc un miroir aux propres étendues parcourues par les cordes insatiables de sa contrebasse. Avec l’improvisation comme ligne d’horizon sont foulées les pistes accidentées du free jazz (en particulier quand Duboc converse avec Guérineau) et les surfaces planes et légèrement ondoyantes découvertes sous l’impulsion patiente de la cymbale et du tambour de Lasserre. Cette pièce centrale, ces dix poings libres et resserrés offrent les plus beaux moments de Primare Cantus (Après la neige avec Petit et Après la sève avec Lasserre, pour n’en citer que deux,  sont magnifiques).

Le disque qui clôt cette trilogie continue de mener le même travail attentif et passionné de révélation de l’intime matière sonore. Ici, trois titres. Une longue pièce en duo avec Pascal Battus et ses micros de guitare (Un Nu, intense, orageuse), une autre, tout aussi longue, en trio (Garabagne, extraordinaire montée en puissance et autre moment de grâce du coffret ! – sur laquelle Duboc est accompagné de la pianiste Sophie Agnel et du trompettiste Christian Pruvost) et enchâssé entre les deux un court « field recording ». A savoir l’enregistrement brut de feuilles agitées par le vent, qui prend tout sens et relief ici. Car chez Duboc, le son de la contrebasse se mêle à celui de son propre souffle, les instruments se révèlent autant par les notes jouées que par l’air vibré. Chez Duboc, la musicalité se niche partout, et les musiciens et leurs instruments ne sont que des médiums de cette musique. Cette courte pièce, Chêne, nous rappelle à la dimension quasi chamanique de la musique jouée lors des trois disques.

Le disque refermé, la musique est toujours là.