Playlist du 29 mars 2013

HISTOIRE ET ACTUALITE DU JAZZ + FOCUS SUR LE DISQUE « FUN HOUSE » DE BENOÎT DELBECQ & FRED HERSCH DOUBLE TRIO

funhouseHD

Rudresh MAHANTHAPPA. SAMDHI (ACT 2011)

Parakram #1 – 2’20’’

Raphaël IMBERT Project. HEAVENS (World Village 2013)

Ethiopi-k23 – 3’30’’

YANG JING & CHRISTY DORAN. N°9 (Leo records 2013)

Moving East – 7’30’’

ESTHER FLÜCKIGER & JOHN WOLF BRENNAN. TWIN KEYS (Leo records 2012)

Gateless Gate – 2’45’’

HELENA RÜEGG – MICHEL GODARD – QUIQUE SINESI. DIAS DE FELICIDAD (Enja – Yellowbird 2012)

Entresueños – 6’45’’

RABIH ABOU-KHALIL. ARABIAN WALTZ (Enja 1996)

The Pain After… – 9’20’’

BENOÎT DELBECQ & FRED HERSCH DOUBLE TRIO. FUN HOUSE (Songlines 2013)

Hushes – 3’20’’

BENOÎT DELBECQ & FRED HERSCH DOUBLE TRIO. FUN HOUSE (Songlines 2013)

Fun House – 5’50’’

BENOÎT DELBECQ & FRED HERSCH DOUBLE TRIO. FUN HOUSE (Songlines 2013)

Lonely Woman – 3’10’’


Raphaël Imbert – N_Y Project

d_NYProjectRaphaël Imbert
N_Y Project
Zig Zag Territoires, 2009
Par Pierre Lemarchand

Depuis 2003, Raphaël Imbert a beaucoup séjourné à New York pour mener à bien ses recherches sur le rapport des jazzmen au sacré. Aujourd’hui, ce disque pourrait être le pendant sonore des écrits du saxophoniste sur la dimension spirituelle du jazz.

Le morceau qui ouvre ce disque est une reprise de Duke Ellington « Echoes of Harlem ». Gerald Cleaver (batterie) et Joe Martin (contrebasse) reconstituent la jungle ellingtonienne tandis qu’avec le saxophone de Raphaël Imbert surgit la contemporanéité de l’asphalte new yorkais. Le décor est planté : nous sommes là au point de confluence de deux mondes, et ce point de choc s’appelle jazz. L’on sait aussi, alors, que le propos ne sera pas d’adopter une posture nostalgique mais plutôt de questionner l’avenir du jazz à l’aune de son histoire, à l’image de la superbe photo de couverture de Franck Jaffrès qui laisse entrevoir un New York entre chien et loup.

Ce sera le thème « Central Park West », emprunté à John Coltrane, qui clora l’album, et ainsi refermera sa boucle géographique et esthétique. A l’intérieur : onze compositions de Raphaël Imbert. Trois autres silhouettes de jazzmen mystiques se dessinent : Albert Ayler (dont le sax ténor de Imbert emprunte le vibrato exacerbé sur « Albert everywhere », peut être le plus beau morceau ici), John Zorn (un « My Klezmer Dream » tout en angles et changements de rythme) et Rahsaan Roland Kirk (« NYC breakdowncalling » ou l’art de souffler dans plusieurs sax simultanément !).

Ailleurs, Imbert convoque l’esprit des Cloîtres (« Cloisters Sanctuary ») et des Temples (la très belle suite «The Zen bowman » dédiée au philosophe allemand et adepte du zen Eugen Herrigel). On le comprend vite, « NY Project » est une œuvre, en ceci que la forme (la musique de jazz) et le fond (la dimension historique et spirituelle de celle-ci) sont en résonance et cohérence.

Il n’est donc pas de hasard, et c’est naturellement que dans le livret est évoqué l’ouvrage de Philippe Carles et Jean-Louis Comolli « Free Jazz Black Power », (re)lecture politique de la musique africaine-américaine et chant d’amour à sa modernité : « Qu’ y a-t-il dans l’amour du jazz ? La beauté, l’émotion, la nostalgie, l’excitation, la jeunesse, la révolte, tout cela sans doute. Mais d’abord le goût des chemins nouveaux, le vif désir de l’inouï. »

Que nous retrouvons ici.

Raphaël Imbert : N_Y Project (Zig Zag Territoires / Harmonia Mundi)

Enregistrement : 2009. Edition : 2009.

CD : 1/ Echoes of Harlem 2/ Lullaby from the beginning 3/ Cloisters sanctuary introduction 4/ Cloisters sanctuary 5/ Albert everywhere 6/ My Klezmer Dream 7/ Struggle for Manhattan’s life 8/ NYC breakdowncalling 9/ The Zen bowman : Prayer 10/ The Zen bowman : Surrender 11/ The Zen bowman : Target 12/ The Zen bowman : Arrow 13/ Central Park West