Didier Lasserre
Sur quelques surfaces vacantes
Entre deux points, 2010
La musique de Didier Lasserre est une main ouverte, paume tournée vers le ciel, prête à accueillir les fragments du monde qui s’y réfugieraient. Elle est l’inattendu et la révélation, elle est fille de l’instant et de l’éternité. Elle est poésie, donc.
Il faut prendre rendez vous avec elle, la laisser venir à nous une fois les conditions d’une intimité possible créée. Ici, Sur quelques surfaces vacantes, enregistré le 12 avril 2010 au Théâtre Molière de Bordeaux, présente le percussionniste seul avec une cymbale et un tambour. La musique alors surgie est rare et fragile, à l’image de ce disque qui l’incarne : tiré à 80 exemplaires numérotés et à la pochette dessinée à la main.
Les deux instruments ne sont pas au service de la mélodie mais en seraient plutôt la source même, l’origine. De leur exploration jaillit une sorte de chant naturel, en même temps qu’une parole bien humaine, car singulière. Et si l’on entend le souffle du vent, le crépitement du feu, le sol martelé et la vie immergée, la musique ici ne s’affranchit jamais de son humanité : chaque note nous ramène à l’homme qui la joue.
Un tambour, une cymbale : le bois et la peau, puis le fer, tels un raccourci de la destinée humaine en même temps qu’un condensé de l’univers de Didier Lasserre, musicien indispensable dès lors qu’on aura croisé sa route et laissé sa musique venir à nous. Il faut vite écouter ce chant du monde, son doux murmure, ce qu’il nous dit sans cesse mais que nous n’entendions plus.