Gianni Lenoci 4tet feat. William Parker « Secret Garden »

Gianni Lenoci 4tet feat. William Parker

Secret Garden

Silta records 2011

secret garden

D’abord se fait entendre la contrebasse, précipitée, déterminée, presque affolée, puis apaisée à l’arrivée d’un piano et d’une batterie dont les pas seront vite emboîtés par un saxophone alto ample et assuré. Secret Garden commence ainsi. Pour changer bientôt, à coups de subtils dérèglements ou d’emballements plus vifs. Alors on pense à Coltrane, pour cette combinaison de quatre lumineuse : batterie rayonnant large, contrebasse plantée profond dans le sol, piano en accords plaqués, sax au-dessus de la mêlée. Très vite, chacune des quatre voix se singularisera, sans perdre de vue totalement, toutefois, l’imposant héritage. Et de narrer d’autres histoires, de dessiner d’autres figures. Chacun à leur tour, les quatre s’éloigneront de la route qu’ils semblaient vouloir tracer, pour aller se perdre ailleurs.

Les dix minutes du morceau augural de Secret Garden, portant ce même nom, auront passé vite et laissé présager l’importance de ce disque.

A Palindrome Life, deuxième morceau, achève de convaincre. Gianni Lenoci et ses compagnons y offrent une longue méditation, un art de souffle retenu, d’énigme irrésolue. Reprenant les timbres là ou Secret Garden les avait laissés, A Palindrome Life s’éloignera après son premier tiers vers de nouvelles terres. Si la main gauche de Lenoci reste fidèle au piano, la droite égrène les touches d’un mbira. Marcello Magliocchi se concentre alors sur le son mat des seuls tambours tandis que Parker se saisit d’un archet grave. Don Cherry et son folklore imaginaire ne sont pas loin, et seront invités de nouveau sur Mbira, cinquième morceau de l’album, tout aussi convaincant.

Avec Two Days in Amsterdam, le groupe, s’il revient aux formules éprouvées premièrement, les soumettent à une accélération de tempo dont Parker et Magliocchi sont les implacables artisans. Gaetano Partipilo achève de tisser les liens qui le rattachent à l’esprit de Giuseppe Logan et Lenoci dresse un pont entre les pianos de McCoy Tyner et Cecil Taylor.

Le quatrième titre, Splinter, courte course-poursuite au souffle coupé, et le final et plus long Variations, se feront vite oublier, tant tout semble avoir été (bien) dit par ailleurs. Et incitent somme toute à reprendre l’écoute de ce néanmoins très bon disque. Alors, reprenons : d’abord, se fait entendre la contrebasse…

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